Témoignage - La Maison du berger en stations : Eloge de la lenteur dans l’empire de la glisse

Par Guillaume Lebaudy, ethnologue, directeur
et Rémi Pascal, animateur pédagogique - Maison du berger (05)

« L'hiver, tous les lundis à 18h00, dans le cadre de ses animations pédagogiques hors-les-murs, la Maison du berger de Champoléon, dans la haute vallée du Champsaur, propose des projections de films dans deux stations du Champsaur : Orcières 1850 et Saint-Léger les Mélèzes. Une expérience qui apporte la preuve que le public des stations de sports d'hiver ne s'intéresse pas qu'à la glisse, pour peu qu'on l'invite à penser à autre chose...

L'hiver 2010-2011, plus de 300 personnes ont ainsi assisté à 16 projections gratuites, essentiellement des films sur le pastoralisme alpin, mais aussi un film sur l'adaptation des Hommes au milieu montagnard (« Vivre en montagne, s'adapter ou disparaître » de Laurent Cistac) et une conférence agrémentée de la présentation d'un CD-rom résultant des travaux croisés de Jean-Pierre Deffontaines, géoagronome à l'INRA, et du berger de Champoléon, André Leroy.

Avec ces projections hors-les-murs, l'objectif de la Maison du berger est de toucher un public de touristes qui sort peu des stations et qui connaît mal le milieu montagnard. L'idée est de leur parler de la vie et de la culture montagnarde et des enjeux inhérents à la relation entre pastoralisme et environnement.

Ces rencontres (menées par un médiateur culturel) ménagent un temps hors consommation touristique, où l'objectif n'est plus d'aller vite, mais au contraire de s'imprégner des valeurs du pastoralisme montagnard, notamment la lenteur, la patience, l'attention pour son environnement et la faune et la flore qui le peuplent.
Sorti des pistes, on constate vite que les spectateurs prennent leur temps et – passée la projection – posent de bonnes questions. Curieux de la vie de la montagne l'été et de l'activité pastorale, ils veulent en savoir plus sur la vie du berger, son travail, la féminisation du métier, ses mutations. Les questions sur la prédation et les effets de la présence du loup dans les zones d'estives sont récurrentes, mais elles ne viennent pas pour autant phagocyter les débats. Elles permettent en revanche de mettre en évidence le rôle environnemental crucial du pastoralisme alpin en matière de production de bien public : maintien de l'ouverture des paysages via l'entretien des territoires par le pâturage.

Ces projections-rencontres permettent également de communiquer autour des journées « Traces douces » qui proposent une autre façon de découvrir l'hiver où, là encore, on fait l'apologie de la lenteur, de l'attente, du silence et de la patience... pour observer les animaux. A Champoléon, tous les mercredis de fin décembre à fin mars, les journées « Traces douces », encadrées par les accompagnateurs en montagne du Champsaur, s'achèvent tranquillement par une visite de la Maison du berger. »

(Août 2011)

Pour en savoir +
Maison du berger : 04 92 49 61 85, http://www.maisonduberger

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