Ils parlent de l'éducation à la montagne


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Interview de Bernard Fischesser, Ingénieur agronome et forestier (CEMAGREF), vulgarisateur scientifique, auteur de l’ouvrage «La vie de la montagne»
  • "Le paysage montagnard est une formidable école car les logiques (naturelles ou humaines) qui l’ont façonné sont plus évidentes que partout ailleurs, et les conséquences de nos actes s’y lisent immédiatement du fait de la réactivité de ce milieu sensible. Il nous renvoie à des notions de responsabilité, collective comme individuelle. On peut y voir les mécanismes de l’évolution en action : l’érosion, la fermeture par la forêt d’un pâturage abandonné, l’ajustement de nouvelles espèces du fait du bombardement de rayonnements cosmiques mutagènes en haute altitude. Et cela oblige à prendre le temps de la considération. La montagne est un milieu de vie d’exception. Du fait des contraintes liées à l’altitude et à la pente, tout est exagéré, les adaptations comme les impacts. […] Le capital naturel de la montagne est original et exceptionnel, il est fragile, et ses seuils d’impact qu’il ne faut pas dépasser nous invitent à y développer des stratégies de développement durable."
  • Extrait Interview de Bernard Fischesser par David Kumurdjian, L’Encre Verte (revue de l’éducation à l’environnement) n°44

"La montagne et ses espaces protégés, lieux privilégiés de l’éducation à l’environnement, par Claude DAUTREY, oct 2009 - Contribution pour le groupe Espaces Protégés Alpins et Education à la montagne du REEMA
  • En voici quelques extraits :
  • "...les espaces ruraux et les espaces de nature, en particulier en montagne demeurent plus que jamais des lieux d’initiations.
  • ...Mais venir à la montagne, c’est la pratiquer à quelque échelle de difficulté que ce soit.
  • ...Une manière directe d’être immergé dans une certaine idée de l’éducation fondée sur l’observation, l’analyse, la recherche de solutions logiques pour retrouver une grande loi de la vie : l’économie de l’effort et l’évitement du risque.
  • Ces expérimentations sont l’occasion d’une formidable découverte, d’un véritable éveil à la nature. Ancrage dans le réel, vécu, éprouvé qui construit des imaginaires. L’innovation, la créativité, la capacité d’adaptation sont précisément les fruits de cette expérience de la montagne. On y redécouvre des valeurs enfouies, ignorées ou perdues : l’entraide, la solidarité, parfois dans un relatif isolement.
  • Pour atteindre son objectif, l’écoute, l’ouverture au monde, l’effort sont indispensables. On y découvre la pluralité des approches et la richesse des mises en commun.
  • Autonomie, rapports au temps et à l’espace, exigences de l’itinérance changent le rapport au monde. La montagne impose de vivre autrement et, si elle se ferme aux bruits du monde et ses émetteurs les plus puissants, elle ouvre sur la puissance, la présence des éléments, l’intelligence des parcours, l’enthousiasme d’une ascension réussie aussi modeste soit elle qui ouvre sur un ailleurs qui se révèle au col ou au sommet.
  • La montagne conduit à la découverte des essentiels.
  • ...On y apprend ou réapprend l’appartenance au monde. Les villages de montagne, les communautés montagnardes, le guide, le garde, le berger, tous sont des passeurs. Les sentiers, les territoires et les hommes, la montagne dans sa vérité brute, les montagnards dans leur patience à vivre de la pente sont autant de leçons quotidiennes. Ici tout est lisible. La découverte de l’environnement c’est la découverte des citoyennetés du monde.
  • ...Dans ce prodigieux contrepoint à la vie urbaine, on questionne le rapport de l’homme à la nature, on est questionné sur les écarts des modes de vie et sur le sens même de la vie. C’est la découverte puissante de l’altérité et des ailleurs.
  • ...Du chalet au refuge, du village à la cabane pastorale, de l’école au glacier, tous les outils de la découverte et de l’éducation à la montagne ont été réunis dans ces espaces protégés pour que la montagne soit vécue et comprise.
  • En faire l’expérience dans telle ou telle vallée avec un guide, un garde-moniteur, un accompagnateur, des enseignants ou des parents, des amis, c’est porter un autre regard sur l’homme, sur la nature, c’est se questionner sur le sens de la vie, c’est porter un autre regard sur soi, se mettre en danger, c’est simplement prendre le risque d’acquérir autrement des savoirs."



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